Le Mas des Mesures c’est pour plusieurs raisons. Tout d’abord, je trouve que les gens sont de plus en plus excessifs, c’est un peu pénible parfois cette société de tous les extrêmes, c’est parfaitement applicable au monde du vin. On pourrait voir une contradiction entre mon passif d’oenologue et ma volonté de faire du vin nature. Si l’on regarde ça d’un peu plus près, je pense que pour faire du vin en se passant de la chimie, il faut au contraire connaître tous les mécanismes à l’oeuvre en amont, d’un point de vue physique, chimique et microbiologique.
Il me semble donc que vis-à-vis de tout cela il est nécessaire d’être mesuré, savoir mesurer et interpréter. Il est primordial d’être assez rigoureux, ne pas commettre l’erreur du refus de la technicité tout en étant conscient des limites de la science. De surcroit être ouvert au sensible, à ce que l’on ne sait pas encore forcément expliquer (ex: la biodynamie), sans pour autant tomber dans l’ésotérisme est primordial.
J’ai choisi ce nom car je cherchai également quelque chose qui gravitait autour de la notion d’équilibre, qui est très chère à mes yeux tant au niveau du vin qu’en cuisine. Dans le vin rouge par exemple l’équilibre d’un vin peut être décrit selon 3 axes qui sont : alcool /acidité / tanins et pour un vin blanc : alcool / acidité / sucrosité. C’est la notion de rondeur, on peut dessiner un triangle avec ces 3 composantes et en gros il faudrait qu’il y ait un cercle qui s’inscrive à l’intérieur de ce triangle (cf l’étiquette Barycentre).
Finalement l’équilibre c’est bien mais à la fois comme en chimie, à l’équilibre rien ne se passe, l’équation est figée, c’est pour ça que j’aime quand c’est équilibré mais qu’il y a un petit twist, quelque chose qui dépasse, d’assez fugace mais qui suffit pour procurer une émotion et une harmonie. C’est le mas des mesures et le mas démesure en somme.