Des premières truffes cavées en sauvage avec le grand-père à aujourd’hui, pas mal de choses ont changé… Le climat en premier lieu, aujourd’hui il est bien difficile de trouver encore des truffes dans des truffières dites sauvages à cause du réchauffement et de la sécheresse estivale. Les monocultures, l’arrêt du pastoralisme ainsi que le manque d’entretien des bois (ayant pour conséquence la fermeture du milieu) ont également contribué à mettre un terme à ces productions naturelles. C’est donc bien de trufficulture dont il est question aujourd’hui.
Il faut donc planter des arbres mycorhizés (essentiellement des chênes), c’est ce qu’entreprît de faire mon père il y a une trentaine d’années avec succès. Car oui, la truffe comme le vin est bien souvent quelque chose de filial, où la notion de patience et d’observation est plus qu’importante. L’association symbiotique entre l’arbre et le champignon est la base de cette culture, à l’heure où l’on commence à s’interroger et à investiguer sur l’importance des mycorhizes dans un sol viticole… La truffe est un champignon hypogé et donc invisible, c’est ce qui fait sa part de mystère, d’aléatoire et en fin de compte son prix.
Nombreux sont les itinéraires techniques pour aboutir à une production trufficole, les recherches récentes vont vers la taille des arbres pour éviter la fermeture du milieu, le travail du sol pour conserver un sol meuble et diviser le chevelu racinaire. C’est aussi un équilibre en l’arbre et le champignon, la truffe se nourrit des matières carbonnées de l’arbre mais il ne faut pas que celui-ci gagne trop en vigueur. Il faut que le champignon hôte arrive à prendre le dessus et imposer à l’arbre un développement racinaire important.
Un autre élément important qui permet de pérenniser un tant soit peu sa production est le réensemencement. Chaque année en fin de saison on garde quelques truffes bien matures, on les réduit à l’état de poudre et on se sert des ces spores pour réensemencer le sol, cela permet d’entretenir l’inoculum au sein de ses parcelles. Plusieurs techniques peuvent être envisagé, on peut réensemencer au cavage avant de reboucher le trou, on peut également le faire sous forme de puit en mars avril à la pioche ou à la tarière, à l’époque où l’on travaille sol.
Le travail de récolte ou « cavage » se fait avec des chiens essentiellement, c’est un beau moment de partage et de complicité entre le chien et son maître. Le chien marque l’endroit ou il a senti une truffe, ensuite c’est à nous de creuser le sol pour finalement tomber sur le diamant noir. Bien que notre sens de l’olfaction soit très inférieure à celle du chien, une fois le sol ouvert on peut s’aider de notre nez pour s’assurer que le chien a bien marqué une truffe et aller vers l’endroit qui sent le plus.